Semaine de l'asile religieux - Les Églises attirent l'attention d'Ottawa

Clairandrée Cauchy
Édition du lundi 18 octobre 2004

Environ 150 fidèles ont participé hier à une messe consacrée à la protection des réfugiés, à l'église catholique de Notre-Dame-de-Grâce qui donne l'asile depuis maintenant neuf mois à trois Palestiniens âgés. L'événement donnait le coup d'envoi de la Semaine de l'asile religieux qui sera marquée par des événements spéciaux dans plusieurs églises du pays jusqu'à dimanche prochain.

Le prêtre Claude Julien a invité les fidèles à faire tous les gestes à leur disposition pour inciter le gouvernement à entendre la cause des réfugiés qui ont trouvé asile dans les églises et à implanter la section d'appel prévue dans la loi.

«Actuellement l'État refoule ces réfugiés, ce qui est synonyme de mort pour plusieurs. L'Église juge que, devant les limites de la loi, on doit passer outre», a expliqué au Devoir le curé de la paroisse qui donne asile à la famille XXX, trois Palestiniens âgés sous le coup d'un ordre d'expulsion. En accordant ainsi l'asile, il estime que l'Église supplée au rôle de l'État, qui n'assume pas ses responsabilités, un peu comme cela a été le cas au début du siècle avec les écoles et les hôpitaux.

Avocat de formation et membre du Comité de paroissiens qui soutient la famille XXX, Maurice Sauvé a fait valoir que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié constitue le «seul tribunal pour lequel il n'existe pas de droit d'appel».

Au moment de la refonte de la loi en 2002, le législateur a prévu une telle instance -- pour compenser le fait que les causes ne seraient désormais entendues que par un seul commissaire plutôt que deux --, mais elle n'a pas été implantée par le gouvernement, qui dit attendre que la pile de dossiers à traiter diminue. M. Sauvé attribue plutôt ce délai à la «peur des États-Unis», dans le contexte de l'après-11 septembre. «On ne pense pas qu'un pays comme le Canada doive faire payer aux plus vulnérables notre complaisance envers les États-Unis».

La tenue d'une Semaine de l'asile religieux donne espoir à XXX, enfermée depuis neuf mois dans le sous-sol de l'église : «Dieu ne peut pas se boucher les oreilles. J'espère qu'un jour le gouvernement entendra ses cris».

Présente à la cérémonie religieuse, la critique bloquiste en matière d'immigration, Meili Faille a promis de «se battre à fond» pour les personnes réfugiées dans les églises. La bloquiste qui a rencontré la ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Judy Sgro, la semaine dernière dit avoir constaté que l'instance d'appel «ne faisait pas partie de son agenda». L'été dernier, la ministre avait soulevé un tollé en demandant aux églises de cesser de donner asile aux réfugiés.

Une cérémonie interconfessionnelle avait également lieu hier soir à l'église unie Saint-Andrew's-Norwood où la famille colombienne Vega est terrée depuis plus d'un an. Plusieurs églises devraient aborder la question lors de leurs messes cette semaine. Jeudi prochain, le Conseil canadien pour les réfugiés organise également une journée de lobbying auprès des députés fédéraux.

XXX: Certains mots et noms ont été enlevé du texte original pour des raisons de sécurité.